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Gramsci et l’espéranto. Article du 29 janvier 1918 : Différence entre versions

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l’Avanti ! (Gramsci, Antonio. La città futura 1917-1918, a cura di Sergio Caprioglio, Einaudi, 1982)
 
l’Avanti ! (Gramsci, Antonio. La città futura 1917-1918, a cura di Sergio Caprioglio, Einaudi, 1982)
  

Version du 30 novembre 2020 à 11:41

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l’Avanti ! (Gramsci, Antonio. La città futura 1917-1918, a cura di Sergio Caprioglio, Einaudi, 1982)

« Cher directeur,

Tu as publié une lettre de l’espérantiste-socialiste Ruggero Panebianco, permets-moi donc, à moi aussi, une nouvelle note très brève. Je veux te soumettre un problème, comme rédacteur de l ‘Avanti ! qui désire que sa contribution au journal soit toujours coordonnée avec les idées et les critères généraux du journal lui-même et de son directeur. Tu reconnais que dans ma note, j’ai “examiné le problème de la langue unique d’un point de vue strictement scientifique“. Comme étudiant (non pas spécialiste et encore moins émérite, ironie et modestie à part), je prépare ma thèse de diplôme universitaire sur l’histoire du langage, cherchant à appliquer à ces recherches également les méthodes critiques du matérialisme historique. Il semble que tu ne sois pas en désaccord avec les nécessaires conclusions auxquelles j’arrive, d’un point de vue « strictement scientifique », pour le problème de la langue unique. Et j’en viens au problème : est-il pédagogiquement utile – quand on reconnaît le caractère utopique d’une proposition « en théorie“ – de donner son appui à la proposition « en pratique » ? Ce qui en théorie est faux et infondé peut-il être utile « en pratique » ? Ne vaut-il pas mieux en finir une bonne fois avec ces propos, dont nous sommes intimement convaincus qu’ils sont des erreurs grossières ? Est-ce qu’il ne faut pas entendre l’intransigeance avant tout comme intransigeance à l’égard des erreurs grossières ? L’Avanti ! poursuit un objectif de formation et d’éducation des consciences et des cerveaux. Tout comme il ne donnerait pas son laissez-passer à la proposition de fonder des communautés collectivistes qui seraient des “auxiliaires“ de la société bourgeoise, il devrait traquer la mentalité utopiste partout où elle cherche un abri, et donc aussi dans le phalanstère espérantiste. Que les espérantistes continuent donc à propager leurs idées : il y a encore des gens qui écrivent des poèmes épiques en cinquante chants et qui publient des imitations de La Divine Comédie : pourquoi faudrait-il être cruel avec les espérantistes qui ont tant de bonne volonté ? Mais le Parti, qui a une discipline idéale en plus d’une discipline politique, et les organes du Parti, devraient, selon moi, combattre systématiquement cette floraison de “bonne volonté“ utopiste et qui dit des bêtises, tout comme ils combattent les autres utopies : par exemple, celle du « meilleur gouvernement » et celle du paradis terrestre atteint par la collaboration de classe.

À toi les réponses

L’article est signé : « Le rédacteur turinois anti-espérantiste »