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Antonio Gramsci (1891-1937), biographie

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La Sardaigne (1891-1911)

Fils de Francesco Gramsci (1860-1937) et de Giuseppina Marcias (1861-1932), Antonio est le quatrième de leurs sept enfants.

La famille du côté du père de Gramsci est d’origine albanaise, son grand-père est né à Plataci, une commune Arbëresh de Calabre. Le grand-père d’Antonio, colonel de gendarmerie sous les Bourbons, était devenu carabinier après l’unité italienne et avait été maintenu dans son grade. Il avait épousé la fille d’un avocat napolitain connu et s’était installé à Gaète. Après sa mort, le dernier de ses cinq enfants, Francesco, abandonne ses études de droit et devient contrôleur du bureau de l’état-civil de Ghilarza, un gros bourg de Sardaigne dans la région d’Oristano.

Il y épouse – contre l’avis de sa propre famille – Giuseppina Marcias, fille d’un employé des impôts.

En 1898, Francesco est arrêté pour détournement de fonds et faux en écriture. La thèse, devenue classique[1], selon laquelle il aurait subi les représailles de l’homme fort de la Sardaigne d’alors, Francesco Cocco Ortu, pour avoir soutenu l’adversaire de celui-ci lors des élections de 1897, n’est plus guère défendue aujourd’hui. Il semble bien que le père d’Antonio n’ait pas toujours été sans reproche dans son activité professionnelle[2]. Toujours est-il qu’il est condamné en 1900 à cinq ans de prison.

Giuseppina doit élever seule ses sept enfants (l'aîné, Gennaro, a 14 ans lorsque son père est arrêté, Antonio a 7 ans). Elle prend des locataires en pension, fait des travaux de couture à domicile avec l’aide de ses filles aînées. Antonio, à la fin de sa scolarité élémentaire, à 12 ans, doit quitter l’école pour travailler. Il fera le grouillot à l’office du cadastre pendant quelques mois.

La maladie dont il souffrira toute sa vie se déclare pendant sa troisième année. Antonio est atteint du mal de Pott, une tuberculose osseuse qui ne sera diagnostiquée que très tard, en 1933, alors qu’il est en prison[3]. C’est à cette maladie qu’il devra son dos déformé, sa petite taille et sa mauvaise santé.

Lorsque son père, sorti de prison au début de 1904, aura été réhabilité et aura retrouvé un emploi, Antonio pourra reprendre ses études au collège du bourg voisin de Santu Lussurgiu. En 1908, il obtient la licenza ginnasiale qui lui permet d’entrer au lycée Dettori de Cagliari. Il partage le logement de son frère aîné Gennaro, employé dans une usine de glace. Antonio commence à lire la presse et, notamment, les articles de Gaetano Salvemini et de Benedetto Croce.

Son frère Gennaro, qui avait fait son service militaire à Turin, était rentré en Sardaigne militant socialiste. Antonio devient ainsi lecteur de L’Avanti!, le quotidien du Parti socialiste italien. En deuxième année de lycée, il a pour professeur Raffa Garzia, radical et anticlérical, directeur de L’Unione Sarda, qui s’intéresse à lui et lui confie, pour l’été 1910, une carte de journaliste. Gramsci publie son tout premier article en juillet de cette année-là.

Ses bons résultats au baccalauréat l’autorisent à passer le concours permettant d’obtenir une bourse Carlo Alberto, réservée aux lycéens méritants de Sardaigne et destinée à leur permettre de poursuivre leurs études à l’université de Turin.

Turin (1911-1922)

L’étudiant

Les difficultés matérielles

Titulaire d’une bourse de la fondation Carlo Alberto [4], Gramsci s’inscrit à la faculté des Lettres de Turin. Ses premiers mois dans la grande ville du nord sont très difficiles. Sa bourse de 70 lires par mois, à quoi s’ajoutent les petites sommes que lui envoie irrégulièrement son père, suffit à peine à lui assurer le vivre et le couvert ; il supporte mal le froid de l’hiver turinois et sa santé se dégrade. Enfin, il est terriblement isolé.

Ces difficultés le poursuivront pendant la majeure partie de sa vie d’étudiant ; malade ou trop affaibli, il est souvent dans l’incapacité de se présenter aux examens, ce qui l’empêchera de passer le diplôme de fin d’étude (la laurea).

Les rencontres

Gramsci est cependant un étudiant qui sort du lot ; sa curiosité est vaste et il suit de nombreux cours dans d’autres disciplines que celle où il est officiellement inscrit, en droit, en économie, en philosophie. Son intérêt premier va à la linguistique : il entretiendra une relation intellectuelle forte et profonde avec son maître Matteo Bartoli, lequel regrettera toujours que Gramsci ait choisi une vie de militant plutôt que celle du brillant linguiste qu’il aurait pu être.

Il nouera des liens d’amitié avec une autre figure de la vie intellectuelle turinoise de l’époque, [Umberto Cosmo, professeur de littérature italienne, qui, par son enseignement au lycée D’Azeglio comme à l’université, a marqué toute une génération d’étudiants. Cosmo viendra souvent en aide à Gramsci et c’est par son intermédiaire qu’il fera certaines de ses rencontres les plus importantes, telles que celle de Piero Sraffa.

le militant

Les débuts

Avant de s’installer à Turin, Gramsci est proche des mouvements sardes autonomistes. C’est la rencontre, grâce à Angelo Tasca, des cercles de jeunes socialistes, qui l’amène à changer d’orientation. A Turin, ville de l’industrie automobile, il se convainc que le conflit social ne se joue pas entre, d’un côté, les paysans Sardes et, de l’autre, le monde industriel du nord, ouvriers et patrons confondus, mais entre le patronat et les prolétaires, dans un mouvement qui peut être libérateur également pour la paysannerie pauvre du sud de l’Italie.

C’est alors qu’il se lie à ceux qui seront longtemps ses compagnons les plus proches : outre Tasca, Palmiro Togliatti et Umberto Terracini. Il commence, en 1913, à écrire dans la presse socialiste.

Il publie son tout premier véritable article politique dans Il Grido del Popolo, la revue hebdomadaire socialiste de Turin, le 31 octobre 1914, dans le cadre du débat ouvert par la prise de position de Mussolini, rédacteur en chef de L’Avanti!, le quotidien du parti socialiste, en faveur de l’intervention de l’Italie dans la guerre aux côtés de la France. L’éditorial de Mussolini va à l’encontre de la position officielle du PSI, qui réclame la « neutralité absolue » de l’Italie, aussi est-il critiqué par Tasca sur les pages du Grido del popolo. C’est à Tasca que Gramsci répond, défendant prudemment Mussolini et, surtout, l’idée qu’il faut substituer à la « neutralité absolue » prônée par la direction du PSI, une « neutralité active et opérante ». Il s’agit là du premier accroc entre Tasca et Gramsci, lequel traînera longtemps comme un péché originel une réputation d’ « interventionniste ».

Le journaliste

L’Italie entre en guerre en mai 1915. Gramsci, à cause de sa santé fragile, n’est pas mobilisé, contrairement à ses compagnons les plus proches. A partir de l’automne 1915 il devient rédacteur au Grido del popolo et à l’édition turinoise de L’Avanti!. Dans sa rubrique « Sotto la Mole », il se fait le chroniqueur de l’actualité de l’Italie en guerre, depuis Turin et selon le point de vue des classes sociales dominées. Il mêle avec verve l’irrévérence à l’égard de tout ce qui est institutionnel, les aperçus rapides et décalés par rapport à la propagande de guerre officielle et omniprésente, et l’analyse politique serrée, toujours située dans le cadre d’une philosophie de l’histoire qui doit encore beaucoup à Benedetto Croce et Giovanni Gentile. Il couvre également l’activité culturelle, notamment le théâtre et se montre particulièrement ouvert au théâtre nouveau de Pirandello.

Il crée en 1917 un cercle d’éducation culturelle (Il club di vità morale), qui rassemble une poignée de jeunes ouvriers et s’essaie au rôle de rédacteur en chef en publiant un numéro spécial du Grido del Popolo destiné à « éduquer et former les jeunes socialistes » : « la città futura ». Enfin, il vit aux premières loges l'insurrection ouvrière de Turin d'août 1917, qui échoue faute d'organisation.

Il publie dans Il Grido del popolo du 5 janvier 1918 le deuxième article politique qui va le faire connaître, au titre provocateur : « La Révolution contre le Capital ». Il y fait l’éloge de la révolution qui vient de s’accomplir en Russie. Le schéma dogmatique en cours au sein de la IIe Internationale voulait que la révolution socialiste ait lieu dans les pays capitalistes les plus développés et non dans un pays encore en partie féodal comme la Russie. Mais « les faits ont dépassé les idéologies. Ils ont fait éclater les schémas critiques à l’intérieur desquels l’histoire de la Russie aurait du se dérouler selon les canons du matérialisme historique »[5]. Les bolcheviques ont su construire une volonté collective et lui donner la seule forme politique qui puisse véritablement résoudre les problèmes sociaux que la guerre a transformé en autant de catastrophes : le socialisme. Contre la théorie devenue dogme, ils ont inventé l’histoire.

L’Ordine nuovo

Au lendemain de la guerre, le groupe composé de Gramsci, Tasca, Togliatti et Terracini se reconstitue pour donner naissance à une nouvelle revue, [L'Ordine Nuovo, « revue de culture socialiste », qui vise à fournir aux ouvriers une éducation politique et culturelle et à les rendre aptes à construire leur propre culture. La revue va prôner, sous l’égide intellectuelle de Gramsci, une ligne politique nouvelle, fondée sur le rôle des « conseils d’usine ». Dans un article intitulé « Démocratie ouvrière » paru en juin 1919, et qu’il qualifiera lui-même, plus tard, de « coup d’État rédactionnel » mené contre Tasca [6], Gramsci développe l’idée selon laquelle les « Commissions internes » en vigueur dans les grandes entreprises italiennes, structures élues par le seul personnel syndiqué, devaient être transformées en Conseils d’usine, élus par tous les ouvriers, y compris les non-syndiqués, et aptes à prendre en charge, au-delà de la classique défense syndicale des intérêts des salariés, la production elle-même, et à devenir par là les structures de base du futur État socialiste.

Le rôle des conseils d’usine sera expérimenté en grandeur réelle lors des mouvements d’occupation d’usines de l’année 1920 et plus particulièrement pendant les grandes grèves de septembre, lesquelles se solderont par une défaite des ouvriers turinois, faute de soutien de la part de la direction du PSI et des syndicats, et de l'absence d’élargissement du mouvement au pays tout entier.

La priorité, pour le courant « ordinoviste » de Gramsci, comme pour toute la gauche du PSI, rassemblée derrière le leader napolitain Amedeo Bordiga, est alors de rompre avec le courant réformiste qui dirige le parti et de créer un parti communiste mis en ordre de combat et qui satisfera aux conditions émises au cours de l’été 1920 par l’Internationale communiste. Gramsci, dès le printemps 1920, convaincu qu’une incapacité des organisations ouvrières à prendre le pouvoir politique se traduirait par une réaction terrible de la part du patronat, avait rédigé, pour la section de Turin du PSI, un texte en ce sens qui avait été remarqué et salué par Lénine.

Gramsci participe, avec Tasca, Togliatti et Terracini, à la fondation du Parti communiste d’Italie lors du Congrès de Livourne en janvier 1921 et soutient l’action de Bordiga, sans cependant s’y reconnaître pleinement, notamment en ce qui concerne le rôle des structures telles que les conseils d’usine.

En mai 1922, après avoir vécu 11 ans à Turin, Gramsci, nommé délégué du PCD’I à l’Internationale communiste, part pour Moscou.

Moscou et l’Internationale communiste (1922-1924)

Lorsqu’il arrive à Moscou en mai 1922, Gramsci est épuisé et en proie à des crises nerveuses qui inquiètent son entourage. Il est envoyé dans une maison de repos de la banlieue de Moscou où il rencontre Eugenia Schucht. Celle-ci est la fille d’Apollon Schucht, un officier engagé dans la lutte contre le tsarisme aux côtés des narodniki dans les années 1880, condamné au confinement en Sibérie et qui s’est exilé ensuite, avec sa famille, en Suisse, puis en France et enfin en Italie. Apollon Schucht a milité avec Alexandre Oulianov, le frère aîné de Lénine. Ce dernier est le parrain de l’une des filles Schucht [7]

Trois de celles-ci ont joué un grand rôle dans la vie de Gramsci : Eugenia, Giulia et Tatiana. Elles ont fait leurs études en Suisse et en Italie et parlent parfaitement l’italien. Eugenia a été une collaboratrice de la femme de Lénine, Nadejda Kroupskaia. Entre elle et Antonio se noue une relation qui va au-delà de la simple amitié, mais, en septembre 1922, elle présente à Gramsci sa sœur Giulia et c’est avec cette dernière que le militant sarde fondera une famille. Giulia est née en 1896 en Suisse, elle a poursuivi ses études musicales au conservatoire de Rome et, lorsque Gramsci la rencontre, elle enseigne la musique à Ivanovo.

L’Internationale communiste cherche à provoquer une fusion entre le petit PCD’I et le PSI, dirigé alors par les terzini, ou les « maximalistes », c’est-à-dire les militants socialistes, majoritaires au Congrès de Livourne, qui ont adhéré à l’Internationale communiste, mais ont refusé de quitter le vieux parti pour rejoindre le PCD’I. Bordiga et la direction du PCD’I, Gramsci compris, sont farouchement opposés au projet de fusion, qui risque, à leurs yeux, de dénaturer le parti né de la rupture de Livourne. Seule la « droite » du parti, guidée par Tasca, y est favorable. L’IC insiste et met tout son poids dans la balance. Bordiga est prêt à aller jusqu’à la rupture avec elle. Gramsci, cependant, est conscient des limites de l’action du leader napolitain, dont le sectarisme coupe le parti des masses. Il rencontre Lénine en octobre 1922 et, à partir du printemps 1923, rassuré par l’échec, à la suite du refus du PSI, de la tentative de fusion, il entre peu à peu en opposition à Bordiga. L’arrestation de celui-ci en février 1923, ainsi que de l’essentiel de la direction du PCD’I, va le pousser au premier plan. Il propose, appuyé par l’IC, la création d’un journal, conçu comme un grand quotidien de masse et dont le nom sera L’Unità. En décembre 1923, Gramsci, chargé d’organiser un centre d’information pour l’IC[8], quitte Moscou pour Vienne. Il y travaille principalement à la réorganisation du PCD’I dans le sens du large rassemblement des forces ouvrières voulu par l’IC. Lorsqu’il quitte Moscou, Giulia est enceinte et ne peut l’accompagner à Vienne. Aux élections de mai 1924, Gramsci est l’un des 13 élus des listes communistes. Protégé par son immunité parlementaire, il peut rentrer en Italie. En août, peu après son retour et son installation à Rome, son premier fils, Delio, naît à Moscou.

Rome, le dirigeant (1924-1926)

Le leadership de Bordiga, en rupture avec l’IC, est confirmé peu après le retour de Gramsci au cours d’une importante réunion clandestine des cadres du PCD’I.

Quelques semaines après avoir fait son entrée au Parlement, Gramsci est confronté à la crise que déclenche l’assassinat par les fascistes du député socialiste Matteotti. La stratégie de « l’Aventin », consistant pour les élus de gauche à refuser de siéger, sera un échec et débouchera sur la consolidation définitive du fascisme par l’adoption des « lois fascistissimes » en 1925 et 1926. Gramsci dénoncera dans L’Unità la passivité et la pusillanimité des parlementaires socialistes.

A partir de l’automne 1924, Gramsci multiplie les déplacements dans toute la Péninsule italienne pour rencontrer les militants et les arracher à la ligne bordiguiste. Un déplacement en Sardaigne lui donne l’occasion de revoir les siens à Ghilarza pour la dernière fois.

De cette réflexion et de ces discussions avec les militants naîtront les « Thèses de Lyon », rédigées par Gramsci et Togliatti et largement approuvées au IIIe congrès du PCD’I organisé à Lyon en janvier 1926. Bordiga, déjà isolé au sein de l’IC, est désormais en minorité également dans le parti italien, dont Gramsci devient le leader incontesté.

Les « thèses de Lyon » constituent un essai de « traduction de l’expérience soviétique en Italie » <>Paolo Spriano, Storia del Partito comunista italiano I : Da Bordiga a Gramsci, Turin, Einaudi, 1967, p. 497. Cité in Jean-Yves Frétigné, Antonio Gramsci…, op. cit.</>. Gramsci y dessine les contours d’une « bolchevisation » du PCD’I conforme aux résolutions de l’IC, mais en lui conférant des traits tout à fait spécifiques à la société italienne. Il insiste en particulier sur l’alliance ouvriers-paysans, laquelle, en Italie, met en jeu, au-delà de sa dimension sociale, ce que l’on appelle depuis l’unité de 1861, la « question méridionale ».

En mars 1925, Gramsci participe, à Moscou, au Ve congrès de l’exécutif élargi de l’IC et voit pour la première fois son fils Delio, âgé de quelques mois. Quelques semaines auparavant, il a fait la connaissance de sa belle sœur Tatiana Schucht, restée en Italie après le retour de la famille en Russie entre 1915 et 1917. Giulia et Delio, accompagnés d’Eugenia, puis du beau-père de Gramsci, Apollon, viendront s’installer à Rome, à partir d’octobre 1925. Giulia, de nouveau enceinte, rentrera à Moscou au début de l’été 1926, bientôt suivie par le reste de la famille. Gramsci ne les reverra plus. Il ne connaîtra jamais son second fils, Giuliano, né en août.

En octobre 1926, peu avant son arrestation, il rédige son essai sur la « question méridionale », Alcuni temi della quistione meridionale, qui reprend en les approfondissant certaines des idées émises dans les Thèses de Lyon et dans diverses interventions. Le texte de Gramsci deviendra un classique ; s’y trouvent en germe des notions ensuite élaborées dans les Cahiers de prison, telles que celles, par exemple, de « bloc historique » ou « d’intellectuels organiques ».

C’est également à la veille de son arrestation que se produit la rupture de Gramsci avec Togliatti. La bataille extrêmement violente qui se déroule au sommet du Parti communiste russe depuis la mort de Lénine, entre Staline et Boukharine d’un côté, Trotsky, Zinoviev et Kamenev de l’autre, inquiète les militants italiens et le bureau politique décide d’envoyer au Comité Central du Parti communiste russe une lettre, rédigée par Gramsci, appelant les dirigeants soviétiques à ne pas courir le risque de décourager et désespérer le prolétariat des autres pays. Togliatti, représentant du PCD’I à l’exécutif de l’IC, décide de ne pas transmettre la lettre. Il s’en explique au bureau politique et dans une lettre adressée à Gramsci, lequel dans sa réponse mettra en cause le « bureaucratisme » de Togliatti. L’arrestation de Gramsci empêchera que la discussion entre les deux dirigeants puisse se développer, mais Gramsci ne renouera jamais personnellement avec Togliatti, malgré les tentatives de celui-ci.

Le 8 novembre, 1926, Gramsci, est arrêté, comme les autres députés socialistes et communistes, en dépit de son immunité parlementaire.

  1. Giuseppe Fiori, Vita di Antonio Gramsci, Roma, Laterza, 1995
  2. Angelo D'Orsi, Gramsci : una nuova biografia, Milan, Feltrinelli, 2017
  3. Le rapport médical du professeur Arcangeli a été publié dans Claudio Natoli, "Gramsci in carcere: le campagne per la liberazione, il Partito, l'Internazionale (1932-1933). Traduction française de Jean-Yves Frétigné dans Antonio Gramsci: vivre c'est résister, Paris, Armand Colin, 2017, p. 238
  4. Gramsci se classe à la 9e place, derrière un autre candidat venu de Sardaigne, Palmiro Togliatti
  5. ’’Le rivoluzione contro il Capitale’,https://www.marxists.org/italiano/gramsci/17/rivoluzionecontrocapitale.htm
  6.  « Il programma dell’ ‘’Ordine nuovo’’ », in ‘’Scritti politici II’’, https://www.liberliber.it/mediateca/libri/g/gramsci/scritti_politici_volume_2/pdf/scritt_p.pdf, p. 83
  7. Sur les liens des Schucht et des Oulianov, voir A. D’Orsi, ?
  8. Voir Frétigné ?