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- en français, pour mettre à la disposition de lecteurs français une petite partie, au moins, de la considérable bibliographie existant, en particulier en italien. Les textes cités doivent donc être traduits.
 
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- Le point d’entrée dans la pensée de Gramsci choisi ici est le [[Le « carteggio » de 1926|''carteggio'']] de 1926, c’est-à-dire l’échange – quatre lettres, deux télégrammes – qui a lieu en octobre 1926, principalement entre Gramsci et [https://fr.wikipedia.org/wiki/Palmiro_Togliatti Togliatti], et qui a été provoqué par la lettre que rédige Gramsci au nom de la direction du Parti communiste d’Italie à l’intention du Comité central du Parti communiste russe. Gramsci conjure les dirigeants russes de ne pas briser l’unité du « noyau léniniste ».
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- Le point d’entrée dans la pensée de Gramsci choisi ici est le [[Le « carteggio » de 1926|''carteggio'']] de 1926, c’est-à-dire l’échange – quatre lettres, deux télégrammes – qui a lieu en octobre 1926, principalement entre Gramsci et [https://fr.wikipedia.org/wiki/Palmiro_Togliatti Togliatti], et qu'a provoqué la lettre que rédige Gramsci au nom de la direction du Parti communiste d’Italie à l’intention du Comité central du Parti communiste russe. Gramsci conjure les dirigeants russes de ne pas briser l’unité du « noyau léniniste ».
  
 
Cet échange se déroule quelques jours avant l’arrestation de Gramsci. Il marque la fin de la vie politique active de celui-ci. On y trouve l’expression de son action et de sa réflexion des années précédentes, liées, notamment, à l’expérience de [https://it.wikipedia.org/wiki/L%27Ordine_Nuovo ''L'Ordine Nuovo''] et du [[Les conseils d'usine et « l'ordinovisme »| « conseillisme »]] ; nombre des thèmes et des concepts auxquels Gramsci réfléchira de manière systématique  - ''« für ewig »''<ref><small>« Je suis obsédé (il s'agit là d'un phénomène propre à ceux qui sont emprisonnés, je crois) par cette idée qu'il faudrait faire quelque chose ''für ewig'', selon une conception complexe de Gœthe dont je me souviens qu'elle a beaucoup tourmenté notre Pascoli » (Lettre à Tania du 19 mars 1927. voir [[http://classiques.uqac.ca/classiques/gramsci_antonio/lettres_de_prison/lettres_de_prison_t1.pdf ''Lettres de prison'', I, p. 68]]. Selon Giuseppe Vacca (Giuseppe Vacca, ''Vita e pensieri di Antonio Gramsci, 1926-1937'', ET STORIA, 2012), Gramsci fait référence « à un chant de Giovanni Pascoli, “Per sempre", compris dans ''I canti di Castelvecchio'', dont il avait un exemplaire avec lui. C’est un chant voué à exalter l’éternité de l’amour. Le rappel de Goethe et à plus forte raison celui d’un chant d’amour de Pascoli, semblent choisis délibérément pour tromper le censeur ; mais aux yeux de l’interlocuteur la métaphore ne pouvait pas ne pas être transparente. ''Für ewig'' évoque cet éternel, qui, dans un langage sécularisé, convient à la fonction du théoricien, et, pour un “historiciste absolu“ tel que Gramsci professait d’être, c’était aussi une expression d’auto-ironie. » (G. Vacca, O. C., p. 118)</small></ref>, comme il dira avec une certaine ironie dans une lettre à sa belle soeur du 17 mars 1927 - y sont déjà à l'oeuvre.
 
Cet échange se déroule quelques jours avant l’arrestation de Gramsci. Il marque la fin de la vie politique active de celui-ci. On y trouve l’expression de son action et de sa réflexion des années précédentes, liées, notamment, à l’expérience de [https://it.wikipedia.org/wiki/L%27Ordine_Nuovo ''L'Ordine Nuovo''] et du [[Les conseils d'usine et « l'ordinovisme »| « conseillisme »]] ; nombre des thèmes et des concepts auxquels Gramsci réfléchira de manière systématique  - ''« für ewig »''<ref><small>« Je suis obsédé (il s'agit là d'un phénomène propre à ceux qui sont emprisonnés, je crois) par cette idée qu'il faudrait faire quelque chose ''für ewig'', selon une conception complexe de Gœthe dont je me souviens qu'elle a beaucoup tourmenté notre Pascoli » (Lettre à Tania du 19 mars 1927. voir [[http://classiques.uqac.ca/classiques/gramsci_antonio/lettres_de_prison/lettres_de_prison_t1.pdf ''Lettres de prison'', I, p. 68]]. Selon Giuseppe Vacca (Giuseppe Vacca, ''Vita e pensieri di Antonio Gramsci, 1926-1937'', ET STORIA, 2012), Gramsci fait référence « à un chant de Giovanni Pascoli, “Per sempre", compris dans ''I canti di Castelvecchio'', dont il avait un exemplaire avec lui. C’est un chant voué à exalter l’éternité de l’amour. Le rappel de Goethe et à plus forte raison celui d’un chant d’amour de Pascoli, semblent choisis délibérément pour tromper le censeur ; mais aux yeux de l’interlocuteur la métaphore ne pouvait pas ne pas être transparente. ''Für ewig'' évoque cet éternel, qui, dans un langage sécularisé, convient à la fonction du théoricien, et, pour un “historiciste absolu“ tel que Gramsci professait d’être, c’était aussi une expression d’auto-ironie. » (G. Vacca, O. C., p. 118)</small></ref>, comme il dira avec une certaine ironie dans une lettre à sa belle soeur du 17 mars 1927 - y sont déjà à l'oeuvre.
  
 
L’échange d’octobre 1926 est aussi le moment où commence à apparaître, entre les lectures respectives que Togliatti et Gramsci font de cette expérience partagée, un écart qui constitue le coeur même de de l’étonnante réception de l’oeuvre de Gramsci à partir des années 1950. C’est sur cet écart, pendant sa perpétuelle discussion, dans sa difficile évaluation, que s'est construit le « gramscisme », jusque dans sa modernité.
 
L’échange d’octobre 1926 est aussi le moment où commence à apparaître, entre les lectures respectives que Togliatti et Gramsci font de cette expérience partagée, un écart qui constitue le coeur même de de l’étonnante réception de l’oeuvre de Gramsci à partir des années 1950. C’est sur cet écart, pendant sa perpétuelle discussion, dans sa difficile évaluation, que s'est construit le « gramscisme », jusque dans sa modernité.

Version du 9 novembre 2019 à 11:25

Un wiki consacré à Antonio Gramsci, selon deux principes :

- en français, pour mettre à la disposition de lecteurs français une petite partie, au moins, de la considérable bibliographie existant, en particulier en italien. Les textes cités doivent donc être traduits.

- Le point d’entrée dans la pensée de Gramsci choisi ici est le carteggio de 1926, c’est-à-dire l’échange – quatre lettres, deux télégrammes – qui a lieu en octobre 1926, principalement entre Gramsci et Togliatti, et qu'a provoqué la lettre que rédige Gramsci au nom de la direction du Parti communiste d’Italie à l’intention du Comité central du Parti communiste russe. Gramsci conjure les dirigeants russes de ne pas briser l’unité du « noyau léniniste ».

Cet échange se déroule quelques jours avant l’arrestation de Gramsci. Il marque la fin de la vie politique active de celui-ci. On y trouve l’expression de son action et de sa réflexion des années précédentes, liées, notamment, à l’expérience de L'Ordine Nuovo et du « conseillisme » ; nombre des thèmes et des concepts auxquels Gramsci réfléchira de manière systématique - « für ewig »[1], comme il dira avec une certaine ironie dans une lettre à sa belle soeur du 17 mars 1927 - y sont déjà à l'oeuvre.

L’échange d’octobre 1926 est aussi le moment où commence à apparaître, entre les lectures respectives que Togliatti et Gramsci font de cette expérience partagée, un écart qui constitue le coeur même de de l’étonnante réception de l’oeuvre de Gramsci à partir des années 1950. C’est sur cet écart, pendant sa perpétuelle discussion, dans sa difficile évaluation, que s'est construit le « gramscisme », jusque dans sa modernité.

  1. « Je suis obsédé (il s'agit là d'un phénomène propre à ceux qui sont emprisonnés, je crois) par cette idée qu'il faudrait faire quelque chose für ewig, selon une conception complexe de Gœthe dont je me souviens qu'elle a beaucoup tourmenté notre Pascoli » (Lettre à Tania du 19 mars 1927. voir [Lettres de prison, I, p. 68]. Selon Giuseppe Vacca (Giuseppe Vacca, Vita e pensieri di Antonio Gramsci, 1926-1937, ET STORIA, 2012), Gramsci fait référence « à un chant de Giovanni Pascoli, “Per sempre", compris dans I canti di Castelvecchio, dont il avait un exemplaire avec lui. C’est un chant voué à exalter l’éternité de l’amour. Le rappel de Goethe et à plus forte raison celui d’un chant d’amour de Pascoli, semblent choisis délibérément pour tromper le censeur ; mais aux yeux de l’interlocuteur la métaphore ne pouvait pas ne pas être transparente. Für ewig évoque cet éternel, qui, dans un langage sécularisé, convient à la fonction du théoricien, et, pour un “historiciste absolu“ tel que Gramsci professait d’être, c’était aussi une expression d’auto-ironie. » (G. Vacca, O. C., p. 118)