http://gramscipedia.org/index.php?title=Accueil&feed=atom&action=historyAccueil - Historique des versions2024-03-28T22:46:56ZHistorique des versions pour cette page sur le wikiMediaWiki 1.33.0http://gramscipedia.org/index.php?title=Accueil&diff=1149&oldid=prevGustofango : /* La « question méridionale » et le « corporatisme de classe » */2024-03-07T10:47:55Z<p><span dir="auto"><span class="autocomment">La « question méridionale » et le « corporatisme de classe »</span></span></p>
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<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>La nécessité de la lutte contre le corporatisme ouvrier était fortement soulignée dans les « [[Les « Thèses de Lyon »|Thèses de Lyon]] » et se trouvait au coeur de la polémique dans laquelle Gramsci était engagé avec les rédacteurs de ''Il Mondo'', au moment où il rédige ses notes sur la question méridionale. Il s’agit là d’un point essentiel, qui met en jeu une attitude spécifique à l’égard des « alliés » sociaux : l’alliance suppose une vision à long terme, une compréhension du processus social et la prise en compte de l’autonomie relative des catégories composant les masses : ce n’est pas par la coercition que l’on peut réaliser l’alliance avec les paysans, mais en leur fournissant le moyen de penser d’une autre façon, en énonçant l’autre point de vue – celui du prolétaire - et en l’énonçant de manière à ce qu’ils puissent l’entendre, en laissant se développer, enfin, dans la paysannerie, la prise de conscience du processus, comme une fonction même de celui-ci.</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>La nécessité de la lutte contre le corporatisme ouvrier était fortement soulignée dans les « [[Les « Thèses de Lyon »|Thèses de Lyon]] » et se trouvait au coeur de la polémique dans laquelle Gramsci était engagé avec les rédacteurs de ''Il Mondo'', au moment où il rédige ses notes sur la question méridionale. Il s’agit là d’un point essentiel, qui met en jeu une attitude spécifique à l’égard des « alliés » sociaux : l’alliance suppose une vision à long terme, une compréhension du processus social et la prise en compte de l’autonomie relative des catégories composant les masses : ce n’est pas par la coercition que l’on peut réaliser l’alliance avec les paysans, mais en leur fournissant le moyen de penser d’une autre façon, en énonçant l’autre point de vue – celui du prolétaire - et en l’énonçant de manière à ce qu’ils puissent l’entendre, en laissant se développer, enfin, dans la paysannerie, la prise de conscience du processus, comme une fonction même de celui-ci.</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
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<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
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</table>Gustofangohttp://gramscipedia.org/index.php?title=Accueil&diff=1148&oldid=prevGustofango : /* La « question méridionale » et le « corporatisme de classe » */2024-03-07T10:41:01Z<p><span dir="auto"><span class="autocomment">La « question méridionale » et le « corporatisme de classe »</span></span></p>
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<tr><td class='diff-marker'>−</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #ffe49c; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Le prolétariat, minoritaire en Italie parmi la « population travailleuse », ne peut <del class="diffchange diffchange-inline">donc </del>accomplir sa vocation historique – prendre la place de la bourgeoisie et construire un État socialiste en instaurant une « dictature du prolétariat » – que s’il « réussit à obtenir le consensus des larges masses paysannes » ; pour devenir une classe « dominante », c’est-à-dire une classe disposant du pouvoir politique et qui soumet, par sa « dictature », ses adversaires, à savoir la bourgeoisie capitaliste, le prolétariat doit devenir une classe « dirigeante », capable de conduire vers ses propres buts – lesquels prennent en charge l’intérêt commun - l’ensemble de la « population travailleuse », ce qui ne peut se faire par la coercition. « Les communistes turinois s'étaient posé concrètement la question de l'"hégémonie du prolétariat", celle de la base sociale de la dictature du prolétariat et de l'état ouvrier. Le prolétariat peut devenir la classe dirigeante et dominante dans la mesure où il parviendra à créer un système d'alliances de classes qui lui permettra de mobiliser contre le capitalisme et contre l'état bourgeois la majorité de la population laborieuse, ce qui, dans le cas de l'Italie, compte tenu des rapports réels qui existent entre les classes, revient à dire dans la mesure où elle réussira à obtenir l'assentiment des larges masses paysannes. » <ref>''Quelques thèmes de la question méridionale'', https://www.marxists.org/francais/gramsci/works/1926/10/gramsci_19261000.htm</ref>.</div></td><td class='diff-marker'>+</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #a3d3ff; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Le prolétariat, minoritaire en Italie parmi la « population travailleuse », ne peut accomplir sa vocation historique – prendre la place de la bourgeoisie et construire un État socialiste en instaurant une « dictature du prolétariat » – que s’il « réussit à obtenir le consensus des larges masses paysannes » ; pour devenir une classe « dominante », c’est-à-dire une classe disposant du pouvoir politique et qui soumet, par sa « dictature », ses adversaires, à savoir la bourgeoisie capitaliste, le prolétariat doit devenir une classe « dirigeante », capable de conduire vers ses propres buts – lesquels prennent en charge l’intérêt commun - l’ensemble de la « population travailleuse », ce qui ne peut se faire par la coercition. « Les communistes turinois s'étaient posé concrètement la question de l'"hégémonie du prolétariat", celle de la base sociale de la dictature du prolétariat et de l'état ouvrier. Le prolétariat peut devenir la classe dirigeante et dominante dans la mesure où il parviendra à créer un système d'alliances de classes qui lui permettra de mobiliser contre le capitalisme et contre l'état bourgeois la majorité de la population laborieuse, ce qui, dans le cas de l'Italie, compte tenu des rapports réels qui existent entre les classes, revient à dire dans la mesure où elle réussira à obtenir l'assentiment des larges masses paysannes. » <ref>''Quelques thèmes de la question méridionale'', https://www.marxists.org/francais/gramsci/works/1926/10/gramsci_19261000.htm</ref>.</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Ce rôle « dirigeant », le prolétariat ne peut l'exercer qu'à certaines conditions. La première est qu'il soit uni en son propre sein : les différentes catégories de prolétaires doivent avoir conscience d’appartenir à une seule et même classe sociale ; les ouvriers ne doivent plus se considérer d’abord comme métallurgistes, ou menuisiers, ou maçons, mais comme prolétaires, c’est-à-dire membres d’une classe sociale vouée à un rôle historique, à laquelle la place centrale qu’elle occupe dans la société confère une vocation particulière, un devoir propre, celui de représenter l’intérêt commun, et de prendre, pour cela, la tête du mouvement social.</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Ce rôle « dirigeant », le prolétariat ne peut l'exercer qu'à certaines conditions. La première est qu'il soit uni en son propre sein : les différentes catégories de prolétaires doivent avoir conscience d’appartenir à une seule et même classe sociale ; les ouvriers ne doivent plus se considérer d’abord comme métallurgistes, ou menuisiers, ou maçons, mais comme prolétaires, c’est-à-dire membres d’une classe sociale vouée à un rôle historique, à laquelle la place centrale qu’elle occupe dans la société confère une vocation particulière, un devoir propre, celui de représenter l’intérêt commun, et de prendre, pour cela, la tête du mouvement social.</div></td></tr>
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<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>== La « question méridionale » et le « corporatisme de classe » ==</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>== La « question méridionale » et le « corporatisme de classe » ==</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'>−</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #ffe49c; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Dans ces notes d'octobre 1926 sur la question méridionale, Gramsci met ainsi en oeuvre la distinction essentielle, qui sera plus tard théorisée dans les ''Cahiers'', entre rôle « dirigeant » et rôle « dominant » exercés par une classe sociale. <del class="diffchange diffchange-inline">Une classe au pouvoir ''dirige'' les groupes sociaux qui lui sont alliés et </del>''domine'' <del class="diffchange diffchange-inline">ceux qui se posent en adversaires : la bourgeoisie capitaliste domine </del>en exerçant le pouvoir politique, à travers l'État et ses moyens de coercition, elle impose sa domination à ceux qui, dans la lutte des classes, s'opposent directement à elle, c'est-à-dire, en premier lieu, les ouvriers, mais aussi, en Italie, les paysans pauvres ; elle dirige, notamment les groupes sociaux à ses marges - petite bourgeoisie, petits et moyens propriétaires terriens, employés, artisans, etc. - en exerçant une hégémonie culturelle, idéologique, en construisant un consensus, fondé sur ses propres représentations, sur ce que Gramsci établira et développera dans les ''Cahiers'', à l'aide de la catégorie de [[Le « sens commun » chez Gramsci|« sens commun »]].</div></td><td class='diff-marker'>+</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #a3d3ff; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Dans ces notes d'octobre 1926 sur la question méridionale, Gramsci met ainsi en oeuvre la distinction essentielle, qui sera plus tard théorisée dans les ''Cahiers'', entre rôle « dirigeant » et rôle « dominant » exercés par une classe sociale. <ins class="diffchange diffchange-inline">La bourgeoisie capitaliste </ins>''domine'' en exerçant le pouvoir politique, à travers l'État et ses moyens de coercition, elle impose sa domination à ceux qui, dans la lutte des classes, s'opposent directement à elle, c'est-à-dire, en premier lieu, les ouvriers, mais aussi, en Italie, les paysans pauvres ; elle <ins class="diffchange diffchange-inline">''</ins>dirige<ins class="diffchange diffchange-inline">''</ins>, notamment les groupes sociaux à ses marges - petite bourgeoisie, petits et moyens propriétaires terriens, employés, artisans, etc. - en exerçant une hégémonie culturelle, idéologique, en construisant un consensus, fondé sur ses propres représentations, sur ce que Gramsci établira et développera dans les ''Cahiers'', à l'aide de la catégorie de [[Le « sens commun » chez Gramsci|« sens commun »]].</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>[[Fichier:Gramsci-QM.jpg|vignette|Alcuni temi della questione meridionale . Antonio Gramsci </div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>[[Fichier:Gramsci-QM.jpg|vignette|Alcuni temi della questione meridionale . Antonio Gramsci </div></td></tr>
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</table>Gustofangohttp://gramscipedia.org/index.php?title=Accueil&diff=1146&oldid=prevGustofango : /* « L’hégémonie du prolétariat », la grande alliance ouvriers-paysans */2024-03-06T10:50:14Z<p><span dir="auto"><span class="autocomment">« L’hégémonie du prolétariat », la grande alliance ouvriers-paysans</span></span></p>
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<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Le débat tendra alors à opposer le « réalisme » de Togliatti à la vision théorique abstraite, quoique profonde, de Gramsci - et c’est ainsi qu’il a été en général présenté et commenté - mais, en vérité, ce qui est alors en question pour celui-ci, c’est l’idée même d’ « hégémonie du prolétariat », laquelle, à ses yeux, fait partie du socle fondateur du « léninisme ».</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Le débat tendra alors à opposer le « réalisme » de Togliatti à la vision théorique abstraite, quoique profonde, de Gramsci - et c’est ainsi qu’il a été en général présenté et commenté - mais, en vérité, ce qui est alors en question pour celui-ci, c’est l’idée même d’ « hégémonie du prolétariat », laquelle, à ses yeux, fait partie du socle fondateur du « léninisme ».</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'>−</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #ffe49c; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>La question de l’ « hégémonie du prolétariat » est toujours liée à celle de l’alliance politique de la classe ouvrière avec la « paysannerie », pour reprendre le terme de l’époque. En Russie, cette notion est opératoire en particulier dans le cadre de la « nouvelle politique économique », la [https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle_politique_%C3%A9conomique NEP], mise en place à partir de 1921 et qui réintroduit, sous contrôle, un fonctionnement capitaliste pour une part de la production agricole. Or, la « question paysanne » est précisément l’un des points qui, selon Gramsci, rapproche l’Italie des années 1920 de la Russie d’avant 1917 : dans un cas comme dans l’autre, le prolétariat industrialisé est minoritaire par rapport à la paysannerie pauvre, qui constitue une masse dans la masse. Aussi bien cette question paysanne fait-elle partie des points de discussion et de désaccords théoriques sensibles qui opposent les différents courants du mouvement ouvrier italien au lendemain de la guerre. Le courant « maximaliste », dirigé par [https://it.wikipedia.org/wiki/Giacinto_Menotti_Serrati Serrati], qui domine le PSI, est, dans le principe, hostile aux revendications de redistribution des terres régulièrement formulées par les petits paysans, les paysans pauvres, en particulier par les paysans salariés des grandes propriétés latifundiaires du sud de l’Italie (les ''braccianti'') : il y voit une entorse à la doctrine communiste et une emprise des idées capitalistes. Au cours de l’année 1926, le débat sur la NEP au sein du parti bolchevique russe est extrêmement vif, les « oppositions », c’est-à-dire les courants représentés par Trotski, Zinoviev et Kamenev, qui disputent le pouvoir au sein du parti à Staline et Boukharine, en ont fait l’un de leurs chevaux de bataille : la NEP, selon eux, avec ses conséquences, à savoir la réapparition d’une classe de « riches » propriétaires, les [https://fr.wikipedia.org/wiki/Koulak « koulaks »], est en train de dévoyer l’expérience soviétique et il faut y mettre fin. Gramsci, au mois de septembre 1926, polémique avec les rédacteurs du journal [[Gramsci et l'URSS en 1926 | ''Il Mondo'']], journal émanant des milieux radicaux, que l’on pourrait qualifier aujourd’hui de « centre gauche » - il s’agit du courant animé par [https://fr.wikipedia.org/wiki/Giovanni_Amendola Giovanni Amendola] -, lesquels soutiennent que l’URSS est en train de redevenir un pays capitaliste « comme les autres ». Gramsci défend alors la NEP, signalant ainsi clairement son approbation de la ligne politique suivie par la « majorité » du Comité central du Parti communiste russe – c’est-à-dire la ligne politique de Staline et Boukharine – et il s’efforce de montrer que le point décisif <del class="diffchange diffchange-inline">pour </del>ce qui <del class="diffchange diffchange-inline">se passe en </del>Russie est le processus global de construction d’un État socialiste, processus que la NEP, à ses yeux, parce qu’elle est mise en œuvre sous le contrôle ouvrier rendu possible par l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie - « l’hégémonie du prolétariat » -, ne met pas en danger, ne dénature pas.</div></td><td class='diff-marker'>+</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #a3d3ff; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>La question de l’ « hégémonie du prolétariat » est toujours liée à celle de l’alliance politique de la classe ouvrière avec la « paysannerie », pour reprendre le terme de l’époque. En Russie, cette notion est opératoire en particulier dans le cadre de la « nouvelle politique économique », la [https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle_politique_%C3%A9conomique NEP], mise en place à partir de 1921 et qui réintroduit, sous contrôle, un fonctionnement capitaliste pour une part de la production agricole. Or, la « question paysanne » est précisément l’un des points qui, selon Gramsci, rapproche l’Italie des années 1920 de la Russie d’avant 1917 : dans un cas comme dans l’autre, le prolétariat industrialisé est minoritaire par rapport à la paysannerie pauvre, qui constitue une masse dans la masse. Aussi bien cette question paysanne fait-elle partie des points de discussion et de désaccords théoriques sensibles qui opposent les différents courants du mouvement ouvrier italien au lendemain de la guerre. Le courant « maximaliste », dirigé par [https://it.wikipedia.org/wiki/Giacinto_Menotti_Serrati Serrati], qui domine le PSI, est, dans le principe, hostile aux revendications de redistribution des terres régulièrement formulées par les petits paysans, les paysans pauvres, en particulier par les paysans salariés des grandes propriétés latifundiaires du sud de l’Italie (les ''braccianti'') : il y voit une entorse à la doctrine communiste et une emprise des idées capitalistes. Au cours de l’année 1926, le débat sur la NEP au sein du parti bolchevique russe est extrêmement vif, les « oppositions », c’est-à-dire les courants représentés par Trotski, Zinoviev et Kamenev, qui disputent le pouvoir au sein du parti à Staline et Boukharine, en ont fait l’un de leurs chevaux de bataille : la NEP, selon eux, avec ses conséquences, à savoir la réapparition d’une classe de « riches » propriétaires, les [https://fr.wikipedia.org/wiki/Koulak « koulaks »], est en train de dévoyer l’expérience soviétique et il faut y mettre fin. Gramsci, au mois de septembre 1926, polémique avec les rédacteurs du journal [[Gramsci et l'URSS en 1926 | ''Il Mondo'']], journal émanant des milieux radicaux, que l’on pourrait qualifier aujourd’hui de « centre gauche » - il s’agit du courant animé par [https://fr.wikipedia.org/wiki/Giovanni_Amendola Giovanni Amendola] -, lesquels soutiennent que l’URSS est en train de redevenir un pays capitaliste « comme les autres ». Gramsci défend alors la NEP, signalant ainsi clairement son approbation de la ligne politique suivie par la « majorité » du Comité central du Parti communiste russe – c’est-à-dire la ligne politique de Staline et Boukharine – et il s’efforce de montrer que le point décisif <ins class="diffchange diffchange-inline">en </ins>ce qui <ins class="diffchange diffchange-inline">concerne les événements de </ins>Russie est le processus global de construction d’un État socialiste, processus que la NEP, à ses yeux, parce qu’elle est mise en œuvre sous le contrôle ouvrier rendu possible par l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie - « l’hégémonie du prolétariat » -, ne met pas en danger, ne dénature pas.</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Dans la réflexion politique de Gramsci, et en cela il n'est pas réellement en désaccord avec les « maximalistes » de Serrati, cette problématique de l'alliance repose sur l'idée que, si, comme l’expérience des occupations d’usine de 1920 l’a montré, le prolétariat italien ne peut seul prendre le pouvoir et doit trouver des alliés auprès des paysans pauvres, c'est lui, cependant, qui, en tant que classe sociale, peut donner satisfaction aux revendications paysannes. C’est au prolétariat italien qu’il revient de prendre en charge la libération des paysans, en particulier dans le [https://fr.wikipedia.org/wiki/Mezzogiorno ''Mezzogiorno''], de la domination et de l’exploitation qu’ils subissent, et qui s’exercent sur eux à travers le système d’alliance conclu entre les industriels du nord et les grands propriétaires terriens. C'est précisément à travers la manière dont il analyse la situation du ''Mezzogiorno'' que Gramsci va présenter une réflexion originale.</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Dans la réflexion politique de Gramsci, et en cela il n'est pas réellement en désaccord avec les « maximalistes » de Serrati, cette problématique de l'alliance repose sur l'idée que, si, comme l’expérience des occupations d’usine de 1920 l’a montré, le prolétariat italien ne peut seul prendre le pouvoir et doit trouver des alliés auprès des paysans pauvres, c'est lui, cependant, qui, en tant que classe sociale, peut donner satisfaction aux revendications paysannes. C’est au prolétariat italien qu’il revient de prendre en charge la libération des paysans, en particulier dans le [https://fr.wikipedia.org/wiki/Mezzogiorno ''Mezzogiorno''], de la domination et de l’exploitation qu’ils subissent, et qui s’exercent sur eux à travers le système d’alliance conclu entre les industriels du nord et les grands propriétaires terriens. C'est précisément à travers la manière dont il analyse la situation du ''Mezzogiorno'' que Gramsci va présenter une réflexion originale.</div></td></tr>
</table>Gustofangohttp://gramscipedia.org/index.php?title=Accueil&diff=1145&oldid=prevGustofango : /* « L’hégémonie du prolétariat », la grande alliance ouvriers-paysans */2024-03-06T10:44:27Z<p><span dir="auto"><span class="autocomment">« L’hégémonie du prolétariat », la grande alliance ouvriers-paysans</span></span></p>
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<td colspan="2" style="background-color: #fff; color: #222; text-align: center;">Version du 6 mars 2024 à 10:44</td>
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<td colspan="2" class="diff-lineno">Ligne 56 :</td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>== « L’hégémonie du prolétariat », la grande alliance ouvriers-paysans ==</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>== « L’hégémonie du prolétariat », la grande alliance ouvriers-paysans ==</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'>−</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #ffe49c; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Gramsci a entraîné ses camarades Togliatti et Terracini, fondateurs avec lui et Angelo Tasca de ''L’Ordine Nuovo'', dans l’élaboration de cette conception, au cours du ''biennio rosso'', à partir de l’été 1919, en les convainquant de réaliser avec lui un « coup d’État rédactionnel » contre Tasca ; il les a de nouveau rassemblés, contre Tasca encore, mais aussi contre Bordiga, à partir de la fin de 1923, dans l’effort explicite, que résument les « Thèses de Lyon », de « traduction » du bolchevisme dans l’univers du mouvement ouvrier italien. Il n’y a pas, sur cette conception de l’organisation communiste comme « partie de la classe ouvrière », élément de la classe ouvrière, émanation de celle-ci, de désaccord entre lui et Togliatti : on l’a dit, c’est Togliatti lui-même qui rédige la plus grande part des « Thèses de Lyon » et qui défend cette idée.</div></td><td class='diff-marker'>+</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #a3d3ff; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Gramsci a entraîné ses camarades Togliatti et Terracini, fondateurs avec lui et Angelo Tasca de ''L’Ordine Nuovo'', dans l’élaboration de cette conception, au cours du ''biennio rosso'', à partir de l’été 1919, en les convainquant de réaliser avec lui un « coup d’État rédactionnel » contre Tasca ; il les a de nouveau rassemblés, contre Tasca encore, mais aussi contre Bordiga, à partir de la fin de 1923, dans l’effort explicite, que résument les « Thèses de Lyon », de « traduction » du bolchevisme dans l’univers du mouvement ouvrier italien. Il n’y a pas, sur cette conception de l’organisation communiste comme « partie de la classe ouvrière », élément de la classe ouvrière, <ins class="diffchange diffchange-inline">''</ins>émanation<ins class="diffchange diffchange-inline">'' </ins>de celle-ci, de désaccord entre lui et Togliatti : on l’a dit, c’est Togliatti lui-même qui rédige la plus grande part des « Thèses de Lyon » et qui défend cette idée.</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Pourtant, à partir du moment où Togliatti s’installe à Moscou, pour représenter le PCd’I au Komintern et faire partie de l’Exécutif de celui-ci, immédiatement après le Congrès de Lyon, un écart va apparaître entre les deux hommes, qui s’élargira jusqu’à la discussion d’octobre 1926. Cet écart porte sur l’inspiration conseilliste – ordinoviste - de la conception gramscienne du bolchevisme, et ses conséquences, ses effets sur la pratique et la réflexion politique des deux dirigeants. Ainsi, pendant tout le printemps 1926, on note une mésentente persistante entre Togliatti à Moscou et le bureau politique du PCd’i, dirigé à Rome par Gramsci, à propos de la manière de faire vivre les luttes ouvrières au sein des entreprises : Gramsci veut faire des [[Les points de dissension entre Gramsci et Togliatti en 1926|« comités d’agitation »]] dont la création a été décidée par le Congrès de Lyon, des structures prenant la suite des Conseils d’usine des années 1919-1920, et dont la vocation est à ses yeux, pour le dire brièvement, de rassembler les ouvriers dans leur diversité, dans leur hétérogénéité, à partir de leur statut de ''producteurs''. Togliatti, de son côté, qui se fait ici l’interprète de l’Exécutif de l’Internationale, et face aux difficultés pratiques énormes de la lutte dans les entreprises en régime fasciste, veut faire de ces comités d’agitation un moyen de relance de la lutte syndicale et de conquête des organisations syndicales.</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Pourtant, à partir du moment où Togliatti s’installe à Moscou, pour représenter le PCd’I au Komintern et faire partie de l’Exécutif de celui-ci, immédiatement après le Congrès de Lyon, un écart va apparaître entre les deux hommes, qui s’élargira jusqu’à la discussion d’octobre 1926. Cet écart porte sur l’inspiration conseilliste – ordinoviste - de la conception gramscienne du bolchevisme, et ses conséquences, ses effets sur la pratique et la réflexion politique des deux dirigeants. Ainsi, pendant tout le printemps 1926, on note une mésentente persistante entre Togliatti à Moscou et le bureau politique du PCd’i, dirigé à Rome par Gramsci, à propos de la manière de faire vivre les luttes ouvrières au sein des entreprises : Gramsci veut faire des [[Les points de dissension entre Gramsci et Togliatti en 1926|« comités d’agitation »]] dont la création a été décidée par le Congrès de Lyon, des structures prenant la suite des Conseils d’usine des années 1919-1920, et dont la vocation est à ses yeux, pour le dire brièvement, de rassembler les ouvriers dans leur diversité, dans leur hétérogénéité, à partir de leur statut de ''producteurs''. Togliatti, de son côté, qui se fait ici l’interprète de l’Exécutif de l’Internationale, et face aux difficultés pratiques énormes de la lutte dans les entreprises en régime fasciste, veut faire de ces comités d’agitation un moyen de relance de la lutte syndicale et de conquête des organisations syndicales.</div></td></tr>
</table>Gustofangohttp://gramscipedia.org/index.php?title=Accueil&diff=1144&oldid=prevGustofango : /* Le carteggio de 1926 */2024-03-03T17:00:05Z<p><span dir="auto"><span class="autocomment">Le carteggio de 1926</span></span></p>
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<td colspan="2" style="background-color: #fff; color: #222; text-align: center;">Version du 3 mars 2024 à 17:00</td>
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<td colspan="2" class="diff-lineno">Ligne 26 :</td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>C’est sur le fond de ces composantes fondamentales que se pose la question politique centrale, celle des « alliances », laquelle, pour le dirigeant marxiste qu’est Gramsci, renvoie à la notion léniniste d'« hégémonie », entendue comme « hégémonie du prolétariat », et est au principe de la réflexion sur la [[La « question méridionale »|« Question méridionale »]] qu’il est en train de rédiger lorsqu’il est arrêté ; « l’hégémonie », mais aussi les thèmes et notions qui l'accompagnent : le « [[Structure, superstructures, « bloc historique »|bloc historique]] », la question des intellectuels, la question religieuse...</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>C’est sur le fond de ces composantes fondamentales que se pose la question politique centrale, celle des « alliances », laquelle, pour le dirigeant marxiste qu’est Gramsci, renvoie à la notion léniniste d'« hégémonie », entendue comme « hégémonie du prolétariat », et est au principe de la réflexion sur la [[La « question méridionale »|« Question méridionale »]] qu’il est en train de rédiger lorsqu’il est arrêté ; « l’hégémonie », mais aussi les thèmes et notions qui l'accompagnent : le « [[Structure, superstructures, « bloc historique »|bloc historique]] », la question des intellectuels, la question religieuse...</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'>−</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #ffe49c; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Enfin, est présente au coeur du ''carteggio'' de 1926 l'expérience des « conseils d'usine » faite par Gramsci et ses amis lors du ''biennio rosso'' de 1919-1920 et au cours de laquelle se met en place l'inspiration « ordinoviste » de la démarche gramscienne, du nom de la revue que Gramsci crée au printemps 1919 avec [https://fr.wikipedia.org/wiki/Angelo_Tasca Angelo Tasca], [https://fr.wikipedia.org/wiki/Palmiro_Togliatti Palmiro Togliatti] et [https://fr.wikipedia.org/wiki/Umberto_Terracini Umberto Terracini], [https://it.wikipedia.org/wiki/L%27Ordine_Nuovo ''L'Ordine Nuovo''].</div></td><td class='diff-marker'>+</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #a3d3ff; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Enfin, est présente au coeur du ''carteggio'' de 1926 l'expérience des <ins class="diffchange diffchange-inline">[[Les conseils d'usine et « l'ordinovisme »|</ins>« conseils d'usine »<ins class="diffchange diffchange-inline">]] </ins>faite par Gramsci et ses amis lors du ''biennio rosso'' de 1919-1920 et au cours de laquelle se met en place l'inspiration « ordinoviste » de la démarche gramscienne, du nom de la revue que Gramsci crée au printemps 1919 avec [https://fr.wikipedia.org/wiki/Angelo_Tasca Angelo Tasca], [https://fr.wikipedia.org/wiki/Palmiro_Togliatti Palmiro Togliatti] et [https://fr.wikipedia.org/wiki/Umberto_Terracini Umberto Terracini], [https://it.wikipedia.org/wiki/L%27Ordine_Nuovo ''L'Ordine Nuovo''].</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>[[Fichier:L'Ordine_Nuovo_May_1919.jpg|vignette|Le premier numéro de ''L'Ordine Nuovo'', 1er mai 1919 (source Wikipedia)]]</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>[[Fichier:L'Ordine_Nuovo_May_1919.jpg|vignette|Le premier numéro de ''L'Ordine Nuovo'', 1er mai 1919 (source Wikipedia)]]</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
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<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'>−</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #ffe49c; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Il ne faut donc pas lire la méditation gramscienne des ''Cahiers de prison'' comme une réflexion sur le tournant qui est en train de se produire, et notamment comme une théorisation de la « déviation stalinienne ». Gramsci, à Turi, continue à réfléchir sur les idées, les notions, les intuitions qui avaient été les siennes au cours des années précédant son arrestation, dans un contexte qui n'était pas celui des années 1930. Cela ne signifie pas, bien entendu, que les ''Cahiers'' ne feraient que répéter ce que Gramsci a déjà dit avant son arrestation : l'évolution de sa pensée est profonde, mais elle relève de la dynamique propre de cette pensée. Le paradoxe est que ces idées d’avant les années 1930<del class="diffchange diffchange-inline">, </del>renaîtront après la guerre, tout d’abord à travers leur lecture et leur utilisation togliattiennes, ensuite, à partir des années 1970, à travers le développement des sciences sociales.</div></td><td class='diff-marker'>+</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #a3d3ff; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Il ne faut donc pas lire la méditation gramscienne des ''Cahiers de prison'' comme une réflexion sur le tournant qui est en train de se produire, et notamment comme une théorisation de la « déviation stalinienne ». Gramsci, à Turi, continue à réfléchir sur les idées, les notions, les intuitions qui avaient été les siennes au cours des années précédant son arrestation, dans un contexte qui n'était pas celui des années 1930. Cela ne signifie pas, bien entendu, que les ''Cahiers'' ne feraient que répéter ce que Gramsci a déjà dit avant son arrestation : l'évolution de sa pensée est profonde, mais elle relève de la dynamique propre de cette pensée. Le paradoxe est que ces idées d’avant les années 1930 renaîtront après la guerre, tout d’abord à travers leur lecture et leur utilisation togliattiennes, ensuite, à partir des années 1970, à travers le développement des sciences sociales.</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>== Le ''carteggio'' de 1926 ==</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>== Le ''carteggio'' de 1926 ==</div></td></tr>
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<td colspan="2" class="diff-lineno">Ligne 14 :</td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>C’est également au tournant de 1930 que le marxisme, dans sa lecture léniniste, va devenir « orthodoxe ». Jusqu’à la mort de Lénine, le mouvement communiste avait eu à inventer son histoire, dans la conviction, partout dominante, que la révolution russe allait s’étendre rapidement aux puissances occidentales ; cette conviction était particulièrement forte en Italie et avait donné sa couleur particulière à ce qu’on a appelé le [https://fr.wikipedia.org/wiki/Biennio_rosso « biennio rosso »], ces deux années pendant lesquelles la société italienne, bouleversée par la guerre, hésite, et qui se termineront par les grandes occupations d’usine de l’automne 1920. Le bolchevisme était encore compris comme une démarche relativement ouverte. Avec la disparition de Lénine et les luttes qui s’engagent au sommet du nouvel État, avec le recul de la perspective d’une victoire socialiste rapide dans les pays capitalistes occidentaux, la situation change. Elle restera pourtant relativement indéterminée jusqu’à l’installation définitive de Staline, en 1928-29. Le fascisme, s’il est au pouvoir en Italie, n’est pas encore sûr de sa victoire – il ne le sera qu’après la résolution de la crise ouverte par [https://fr.wikipedia.org/wiki/Giacomo_Matteotti l’affaire Matteotti] –. En Allemagne, Hitler, après son échec en Bavière en 1923, est encore loin du pouvoir. En 1929, au contraire, lorsque Gramsci, en prison depuis deux ans et demi, commence la rédaction des ''Cahiers de prison'', le « régime », en Italie, est solidement installé, le parti socialiste italien n’existe plus, le petit parti communiste est réduit à une poignée de militants clandestins, sa direction s’est réfugiée à Paris et s’est alignée sur la ligne stalinienne ; l’indétermination précédente, avec ses incertitudes et ses possibles, a disparu. Une époque est terminée. L’arrestation de Gramsci, sa condamnation en 1928 à une très lourde peine, participent de ce mouvement. Le projet politique, extrêmement élaboré, en théorie et en pratique, qu'il avait commencé à mettre en œuvre de manière méthodique et tenace depuis le début de 1924, est brutalement stoppé et ne sera ni repris ni poursuivi, comme tel, par ses successeurs.</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>C’est également au tournant de 1930 que le marxisme, dans sa lecture léniniste, va devenir « orthodoxe ». Jusqu’à la mort de Lénine, le mouvement communiste avait eu à inventer son histoire, dans la conviction, partout dominante, que la révolution russe allait s’étendre rapidement aux puissances occidentales ; cette conviction était particulièrement forte en Italie et avait donné sa couleur particulière à ce qu’on a appelé le [https://fr.wikipedia.org/wiki/Biennio_rosso « biennio rosso »], ces deux années pendant lesquelles la société italienne, bouleversée par la guerre, hésite, et qui se termineront par les grandes occupations d’usine de l’automne 1920. Le bolchevisme était encore compris comme une démarche relativement ouverte. Avec la disparition de Lénine et les luttes qui s’engagent au sommet du nouvel État, avec le recul de la perspective d’une victoire socialiste rapide dans les pays capitalistes occidentaux, la situation change. Elle restera pourtant relativement indéterminée jusqu’à l’installation définitive de Staline, en 1928-29. Le fascisme, s’il est au pouvoir en Italie, n’est pas encore sûr de sa victoire – il ne le sera qu’après la résolution de la crise ouverte par [https://fr.wikipedia.org/wiki/Giacomo_Matteotti l’affaire Matteotti] –. En Allemagne, Hitler, après son échec en Bavière en 1923, est encore loin du pouvoir. En 1929, au contraire, lorsque Gramsci, en prison depuis deux ans et demi, commence la rédaction des ''Cahiers de prison'', le « régime », en Italie, est solidement installé, le parti socialiste italien n’existe plus, le petit parti communiste est réduit à une poignée de militants clandestins, sa direction s’est réfugiée à Paris et s’est alignée sur la ligne stalinienne ; l’indétermination précédente, avec ses incertitudes et ses possibles, a disparu. Une époque est terminée. L’arrestation de Gramsci, sa condamnation en 1928 à une très lourde peine, participent de ce mouvement. Le projet politique, extrêmement élaboré, en théorie et en pratique, qu'il avait commencé à mettre en œuvre de manière méthodique et tenace depuis le début de 1924, est brutalement stoppé et ne sera ni repris ni poursuivi, comme tel, par ses successeurs.</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'>−</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #ffe49c; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Gramsci, en prison, aura conscience des changements intervenus, mais il ne pouvait évidemment en prendre la mesure comme nous le faisons aujourd’hui, nous qui savons qu’ils débouchèrent sur l’installation du nazisme en Allemagne, la seconde guerre mondiale, la victoire, enfin, des forces antifascistes et la création d’une Italie républicaine. Gramsci, mort en 1937, ne connût pas la dimension réelle des « grands procès » soviétiques et n’eut pas lui-même à en souffrir, comme cela eut été possible s’il avait eu le temps de rejoindre l’URSS après sa libération <del class="diffchange diffchange-inline">des geôles fascistes</del>. Il a, certes, perçu les dérives staliniennes, mais n’a pas <del class="diffchange diffchange-inline">directementconnu </del>le stalinisme en tant que tel. Bref, il ne pouvait avoir conscience du fait que sa propre arrestation participait de la fin d’une époque, participait d’une clôture, qu’elle avait aussi pour sens de notifier le non-avènement de possibles auquel lui-même travaillait.</div></td><td class='diff-marker'>+</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #a3d3ff; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Gramsci, en prison, aura conscience des changements intervenus, mais il ne pouvait évidemment en prendre la mesure comme nous le faisons aujourd’hui, nous qui savons qu’ils débouchèrent sur l’installation du nazisme en Allemagne, la seconde guerre mondiale, la victoire, enfin, des forces antifascistes et la création d’une Italie républicaine. Gramsci, mort en 1937, ne connût pas la dimension réelle des « grands procès » soviétiques et n’eut pas lui-même à en souffrir, comme cela eut été possible s’il avait eu le temps de rejoindre l’URSS après sa libération. Il a, certes, perçu les dérives staliniennes, mais n’a pas <ins class="diffchange diffchange-inline">directement connu </ins>le stalinisme en tant que tel. Bref, il ne pouvait avoir conscience du fait que sa propre arrestation participait de la fin d’une époque, participait d’une clôture, qu’elle avait aussi pour sens de notifier le non-avènement de possibles auquel lui-même travaillait.</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'>−</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #ffe49c; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Il ne faut donc pas lire la méditation gramscienne des ''Cahiers de prison'' comme une réflexion sur le tournant qui est en train de se produire, et notamment comme une théorisation de la « déviation stalinienne ». Gramsci, à Turi, continue à réfléchir sur les idées, les notions, les intuitions <del class="diffchange diffchange-inline">qu’il avait forgées </del>au cours des années précédant son arrestation, dans un contexte qui n'était pas celui des années 1930. Cela ne signifie pas, bien entendu, que les ''Cahiers'' ne feraient que répéter ce que Gramsci a déjà dit avant son arrestation : l'évolution de sa pensée est profonde, mais elle relève de la dynamique propre de cette pensée. Le paradoxe est que ces idées d’avant les années 1930, renaîtront après la guerre, tout d’abord à travers leur lecture et leur utilisation togliattiennes, ensuite, à partir des années 1970, à travers le développement des sciences sociales.</div></td><td class='diff-marker'>+</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #a3d3ff; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Il ne faut donc pas lire la méditation gramscienne des ''Cahiers de prison'' comme une réflexion sur le tournant qui est en train de se produire, et notamment comme une théorisation de la « déviation stalinienne ». Gramsci, à Turi, continue à réfléchir sur les idées, les notions, les intuitions <ins class="diffchange diffchange-inline">qui avaient été les siennes </ins>au cours des années précédant son arrestation, dans un contexte qui n'était pas celui des années 1930. Cela ne signifie pas, bien entendu, que les ''Cahiers'' ne feraient que répéter ce que Gramsci a déjà dit avant son arrestation : l'évolution de sa pensée est profonde, mais elle relève de la dynamique propre de cette pensée. Le paradoxe est que ces idées d’avant les années 1930, renaîtront après la guerre, tout d’abord à travers leur lecture et leur utilisation togliattiennes, ensuite, à partir des années 1970, à travers le développement des sciences sociales.</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>== Le ''carteggio'' de 1926 ==</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>== Le ''carteggio'' de 1926 ==</div></td></tr>
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<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>C'est précisément en raison du contexte historique que l'année 1926 constitue, dans la biographie de Gramsci, une date charnière. Gramsci est arrêté le 8 novembre et, à compter de ce jour, cesse, en pratique, d'exercer ses fonctions de premier dirigeant du Parti communiste d'Italie (PCd’I), même s’il restera secrétaire général en titre jusqu’au congrès de Cologne en 1931. L’arrestation de Gramsci prend un sens qui dépasse l’aspect strictement biographique : l’événement s'inscrit dans le processus commencé avec la mort de Lénine en janvier 1924, et qui aboutira au « tournant » de 1929, lequel sanctionne la mainmise totale de Staline sur les destinées de l’URSS et du mouvement communiste international. La politique dite de « front unique », rassemblement politique, au-delà de la seule classe ouvrière, et autour d’elle, des forces sociales qui, dans leur diversité, sont dominées par la bourgeoisie capitaliste, est abandonnée au profit de celle dite « classe contre classe », qui oppose les partis communistes, « partis du prolétariat », à toutes les autres forces politiques. La sociale démocratie est désormais mise sur le même plan que le fascisme en pleine ascension. Cette politique, imposée sans ménagement au parti italien par l'Internationale communiste, rompt avec la ligne gramscienne adoptée lors du congrès de Lyon en 1926. Togliatti, l'un des artisans des « [[Les « Thèses de Lyon »|Thèses de Lyon]] », jusque là proche de [https://fr.wikipedia.org/wiki/Nikola%C3%AF_Boukharine Boukharine], et devenu ''de facto'' le premier dirigeant du parti italien, s'alignera à partir de 1929.</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>C'est précisément en raison du contexte historique que l'année 1926 constitue, dans la biographie de Gramsci, une date charnière. Gramsci est arrêté le 8 novembre et, à compter de ce jour, cesse, en pratique, d'exercer ses fonctions de premier dirigeant du Parti communiste d'Italie (PCd’I), même s’il restera secrétaire général en titre jusqu’au congrès de Cologne en 1931. L’arrestation de Gramsci prend un sens qui dépasse l’aspect strictement biographique : l’événement s'inscrit dans le processus commencé avec la mort de Lénine en janvier 1924, et qui aboutira au « tournant » de 1929, lequel sanctionne la mainmise totale de Staline sur les destinées de l’URSS et du mouvement communiste international. La politique dite de « front unique », rassemblement politique, au-delà de la seule classe ouvrière, et autour d’elle, des forces sociales qui, dans leur diversité, sont dominées par la bourgeoisie capitaliste, est abandonnée au profit de celle dite « classe contre classe », qui oppose les partis communistes, « partis du prolétariat », à toutes les autres forces politiques. La sociale démocratie est désormais mise sur le même plan que le fascisme en pleine ascension. Cette politique, imposée sans ménagement au parti italien par l'Internationale communiste, rompt avec la ligne gramscienne adoptée lors du congrès de Lyon en 1926. Togliatti, l'un des artisans des « [[Les « Thèses de Lyon »|Thèses de Lyon]] », jusque là proche de [https://fr.wikipedia.org/wiki/Nikola%C3%AF_Boukharine Boukharine], et devenu ''de facto'' le premier dirigeant du parti italien, s'alignera à partir de 1929.</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'>−</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #ffe49c; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>C’est également au tournant de 1930 que le marxisme, dans sa lecture léniniste, va devenir « orthodoxe ». Jusqu’à la mort de Lénine, le mouvement communiste avait eu à inventer son histoire, dans la conviction, partout dominante, que la révolution russe allait s’étendre rapidement aux <del class="diffchange diffchange-inline">puissance </del>occidentales ; cette conviction était particulièrement forte en Italie et avait donné sa couleur particulière à ce qu’on a appelé le [https://fr.wikipedia.org/wiki/Biennio_rosso « biennio rosso »], ces deux années pendant lesquelles la société italienne, bouleversée par la guerre, hésite, et qui se termineront par les grandes occupations d’usine de l’automne 1920. Le bolchevisme était encore compris comme une démarche relativement ouverte. Avec la disparition de Lénine et les luttes qui s’engagent au sommet du nouvel État, avec le recul de la perspective d’une victoire socialiste rapide dans les pays capitalistes occidentaux, la situation change. Elle restera pourtant relativement indéterminée jusqu’à l’installation définitive de Staline, en 1928-29. Le fascisme, s’il est au pouvoir en Italie, n’est pas encore sûr de sa victoire – il ne le sera qu’après la résolution de la crise ouverte par [https://fr.wikipedia.org/wiki/Giacomo_Matteotti l’affaire Matteotti] –. En Allemagne, Hitler, après son échec en Bavière en 1923, est encore loin du pouvoir. En 1929, au contraire, lorsque Gramsci, en prison depuis deux ans et demi, commence la rédaction des ''Cahiers de prison'', le « régime », en Italie, est solidement installé, le parti socialiste italien n’existe plus, le petit parti communiste est réduit à une poignée de militants clandestins, sa direction s’est réfugiée à Paris et s’est alignée sur la ligne stalinienne ; l’indétermination précédente, avec ses incertitudes et ses possibles, a disparu. Une époque est terminée. L’arrestation de Gramsci, sa condamnation en 1928 à une très lourde peine, participent de ce mouvement. Le projet politique, extrêmement élaboré, en théorie et en pratique, qu'il avait commencé à mettre en œuvre de manière méthodique et tenace depuis le début de 1924, est brutalement stoppé et ne sera ni repris ni poursuivi, comme tel, par ses successeurs.</div></td><td class='diff-marker'>+</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #a3d3ff; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>C’est également au tournant de 1930 que le marxisme, dans sa lecture léniniste, va devenir « orthodoxe ». Jusqu’à la mort de Lénine, le mouvement communiste avait eu à inventer son histoire, dans la conviction, partout dominante, que la révolution russe allait s’étendre rapidement aux <ins class="diffchange diffchange-inline">puissances </ins>occidentales ; cette conviction était particulièrement forte en Italie et avait donné sa couleur particulière à ce qu’on a appelé le [https://fr.wikipedia.org/wiki/Biennio_rosso « biennio rosso »], ces deux années pendant lesquelles la société italienne, bouleversée par la guerre, hésite, et qui se termineront par les grandes occupations d’usine de l’automne 1920. Le bolchevisme était encore compris comme une démarche relativement ouverte. Avec la disparition de Lénine et les luttes qui s’engagent au sommet du nouvel État, avec le recul de la perspective d’une victoire socialiste rapide dans les pays capitalistes occidentaux, la situation change. Elle restera pourtant relativement indéterminée jusqu’à l’installation définitive de Staline, en 1928-29. Le fascisme, s’il est au pouvoir en Italie, n’est pas encore sûr de sa victoire – il ne le sera qu’après la résolution de la crise ouverte par [https://fr.wikipedia.org/wiki/Giacomo_Matteotti l’affaire Matteotti] –. En Allemagne, Hitler, après son échec en Bavière en 1923, est encore loin du pouvoir. En 1929, au contraire, lorsque Gramsci, en prison depuis deux ans et demi, commence la rédaction des ''Cahiers de prison'', le « régime », en Italie, est solidement installé, le parti socialiste italien n’existe plus, le petit parti communiste est réduit à une poignée de militants clandestins, sa direction s’est réfugiée à Paris et s’est alignée sur la ligne stalinienne ; l’indétermination précédente, avec ses incertitudes et ses possibles, a disparu. Une époque est terminée. L’arrestation de Gramsci, sa condamnation en 1928 à une très lourde peine, participent de ce mouvement. Le projet politique, extrêmement élaboré, en théorie et en pratique, qu'il avait commencé à mettre en œuvre de manière méthodique et tenace depuis le début de 1924, est brutalement stoppé et ne sera ni repris ni poursuivi, comme tel, par ses successeurs.</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Gramsci, en prison, aura conscience des changements intervenus, mais il ne pouvait évidemment en prendre la mesure comme nous le faisons aujourd’hui, nous qui savons qu’ils débouchèrent sur l’installation du nazisme en Allemagne, la seconde guerre mondiale, la victoire, enfin, des forces antifascistes et la création d’une Italie républicaine. Gramsci, mort en 1937, ne connût pas la dimension réelle des « grands procès » soviétiques et n’eut pas lui-même à en souffrir, comme cela eut été possible s’il avait eu le temps de rejoindre l’URSS après sa libération des geôles fascistes. Il a, certes, perçu les dérives staliniennes, mais n’a pas directementconnu le stalinisme en tant que tel. Bref, il ne pouvait avoir conscience du fait que sa propre arrestation participait de la fin d’une époque, participait d’une clôture, qu’elle avait aussi pour sens de notifier le non-avènement de possibles auquel lui-même travaillait.</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Gramsci, en prison, aura conscience des changements intervenus, mais il ne pouvait évidemment en prendre la mesure comme nous le faisons aujourd’hui, nous qui savons qu’ils débouchèrent sur l’installation du nazisme en Allemagne, la seconde guerre mondiale, la victoire, enfin, des forces antifascistes et la création d’une Italie républicaine. Gramsci, mort en 1937, ne connût pas la dimension réelle des « grands procès » soviétiques et n’eut pas lui-même à en souffrir, comme cela eut été possible s’il avait eu le temps de rejoindre l’URSS après sa libération des geôles fascistes. Il a, certes, perçu les dérives staliniennes, mais n’a pas directementconnu le stalinisme en tant que tel. Bref, il ne pouvait avoir conscience du fait que sa propre arrestation participait de la fin d’une époque, participait d’une clôture, qu’elle avait aussi pour sens de notifier le non-avènement de possibles auquel lui-même travaillait.</div></td></tr>
</table>Gustofangohttp://gramscipedia.org/index.php?title=Accueil&diff=1129&oldid=prevGustofango le 27 février 2024 à 09:392024-02-27T09:39:08Z<p></p>
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<td colspan="2" class="diff-lineno">Ligne 70 :</td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>== La « question méridionale » et le « corporatisme de classe » ==</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>== La « question méridionale » et le « corporatisme de classe » ==</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'>−</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #ffe49c; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Dans ces notes d'octobre 1926 sur la question méridionale, Gramsci met ainsi en oeuvre la distinction essentielle, qui sera plus tard théorisée dans les ''Cahiers'', entre rôle « dirigeant » et rôle « dominant » exercés par une classe sociale. Une classe au pouvoir ''dirige'' les groupes sociaux qui lui sont alliés et ''domine'' ceux qui se posent en adversaires : la bourgeoisie capitaliste domine en exerçant le pouvoir politique, à travers l'État et ses moyens de coercition, elle impose sa domination à ceux qui, dans la lutte des classes, s'opposent directement à elle, c'est-à-dire, en premier lieu, les ouvriers, mais aussi, en Italie, les paysans pauvres ; elle dirige, notamment les groupes sociaux à ses marges - petite bourgeoisie, petits et moyens propriétaires terriens, employés, artisans, etc. - en exerçant une hégémonie culturelle, idéologique, en construisant un consensus, fondé sur ses propres représentations, sur ce que Gramsci établira et développera dans les ''Cahiers'', à l'aide de la catégorie de [[« sens commun »]].</div></td><td class='diff-marker'>+</td><td style="color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #a3d3ff; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>Dans ces notes d'octobre 1926 sur la question méridionale, Gramsci met ainsi en oeuvre la distinction essentielle, qui sera plus tard théorisée dans les ''Cahiers'', entre rôle « dirigeant » et rôle « dominant » exercés par une classe sociale. Une classe au pouvoir ''dirige'' les groupes sociaux qui lui sont alliés et ''domine'' ceux qui se posent en adversaires : la bourgeoisie capitaliste domine en exerçant le pouvoir politique, à travers l'État et ses moyens de coercition, elle impose sa domination à ceux qui, dans la lutte des classes, s'opposent directement à elle, c'est-à-dire, en premier lieu, les ouvriers, mais aussi, en Italie, les paysans pauvres ; elle dirige, notamment les groupes sociaux à ses marges - petite bourgeoisie, petits et moyens propriétaires terriens, employés, artisans, etc. - en exerçant une hégémonie culturelle, idéologique, en construisant un consensus, fondé sur ses propres représentations, sur ce que Gramsci établira et développera dans les ''Cahiers'', à l'aide de la catégorie de [[<ins class="diffchange diffchange-inline">Le « sens commun » chez Gramsci|</ins>« sens commun »]].</div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>[[Fichier:Gramsci-QM.jpg|vignette|Alcuni temi della questione meridionale . Antonio Gramsci </div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>[[Fichier:Gramsci-QM.jpg|vignette|Alcuni temi della questione meridionale . Antonio Gramsci </div></td></tr>
<tr><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>\S.l. : s.n., 1935?!. - 24 p. Fondazione Gramsci]]</div></td><td class='diff-marker'> </td><td style="background-color: #f8f9fa; color: #222; font-size: 88%; border-style: solid; border-width: 1px 1px 1px 4px; border-radius: 0.33em; border-color: #eaecf0; vertical-align: top; white-space: pre-wrap;"><div>\S.l. : s.n., 1935?!. - 24 p. Fondazione Gramsci]]</div></td></tr>
</table>Gustofango